Ne jamais laver le linge sale en public : l’exemple de la police lausannoise
- Pati Bühler
- 27 août
- 2 min de lecture

Le désaveu public de la police lausannoise par ses propres autorités surprend par son ampleur et sa radicalité. Comment expliquer qu’un exécutif démocratique choisisse de fragiliser une institution censée garantir la sécurité collective ?
Une première piste tient à la composition démographique de Lausanne et de sa région. La ville connaît une forte proportion de population étrangère ou issue de minorités racisées. Ce pluralisme, richesse de la cité, peut également générer des tensions, surtout lorsque certains groupes se sentent marginalisés ou ciblés. Dans un tel contexte, la crainte d’une escalade – violences urbaines, émeutes, affrontements – est réelle. Les autorités politiques peuvent alors être tentées d’adresser un signal fort aux communautés les plus sensibles, afin de désamorcer une explosion sociale.
Mais un tel choix comporte aussi une dimension politique. Lausanne est dominée par des partis de gauche, qui portent une responsabilité directe dans la gestion des équilibres sociaux et sécuritaires de la ville. Reconnaître que certaines tensions ou violences trouvent aussi leur origine dans des politiques publiques insuffisamment adaptées serait politiquement coûteux. Il devient alors plus simple de désigner un « coupable » visible et facilement identifiable : la police. En concentrant la critique sur l’institution policière, on détourne le regard des causes profondes et des choix politiques qui ont conduit à la situation actuelle.
Or, ce désaveu fragilise une institution dont la légitimité repose sur un socle symbolique : celui du respect et de l’autorité qu’elle inspire. La mission de la police est triple : protéger, encadrer et, le cas échéant, sanctionner.
Lorsqu’on expose publiquement l’institution entière comme entachée par les fautes de certains de ses membres, on affaiblit ce socle et on prive la société d’un de ses piliers de sécurité. Cette fragilisation est particulièrement grave dans un contexte où certains discours utopiques ou radicaux prétendent qu’un monde sans police est possible.
Lorsque les responsables politiques eux-mêmes contribuent à miner la confiance envers l’institution policière, ils renforcent ces illusions dangereuses. Dans l’inconscient collectif, surtout chez les jeunes générations, s’installe l’idée que la police n’est pas indispensable, voire qu’elle est nuisible.
Or, une société sans force publique neutre et légitime bascule rapidement dans l’arbitraire des plus forts, la violence privée et les conflits permanents.
Cela ne signifie pas qu’il faille occulter les erreurs ou les abus. Mais il existe des voies institutionnelles pour les corriger : enquêtes disciplinaires, inspections indépendantes, réformes structurelles.
L’essentiel est de préserver publiquement le socle de légitimité sans lequel l’institution policière ne peut fonctionner. Critiquer en bloc, dénigrer globalement ou afficher sur la place publique les failles d’une police revient à scier la branche sur laquelle repose la sécurité commune.
En définitive, il est du devoir des responsables politiques et institutionnels d’être exigeants et fermes à l’égard de la police, mais tout aussi responsables dans la manière dont ils communiquent sur ses imperfections. Car l’image d’une police solide, respectée et légitime ne relève pas d’un luxe : elle est une condition essentielle à la paix sociale.
D’ores et déjà, de nombreuses vidéos circulent sur les réseaux sociaux, notamment dans certains cercles de pensée de gauche, nourrissant précisément cette conviction et renforçant le discours de ceux qui rêvent d’un monde sans police.
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