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À Genève, on ne lutte pas contre les braquages. On les relativise.

  • Pati Bühler
  • 19 nov.
  • 4 min de lecture
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Genève enregistre depuis plusieurs années une dizaine de home-jackings violents chaque année, un rythme que ni la police ni les autorités n’ont réussi à endiguer.


Après le record de 13 attaques en 2024, loin d’être un pic isolé, l’année 2025 a déjà été marquée par plusieurs affaires retentissantes. Parmi elles, l’attaque visant l’entrepreneur genevois Alexandre Mourreau, dont le home-jacking — largement relayé par la presse — a rappelé brutalement que personne n’est à l’abri : ni les familles ordinaires, ni les figures publiques, ni les contributeurs majeurs à la prospérité du canton.


Treize foyers violés en 2024, et déjà des attaques emblématiques en 2025 : ce ne sont pas des statistiques, mais des vies brisées, des familles terrorisées, des domiciles profanés — ce qui, dans n’importe quel État réellement préoccupé par la sécurité de ses citoyens, devrait être la ligne rouge absolue.


Et pourtant, à observer la réaction de certains Genevois et de ceux qui prétendent les gouverner, on croirait que ces attaques ne sont pas des crimes mais une formalité comptable de plus à expédier avant la pause de midi.


Des familles terrorisées, un entrepreneur braqué chez lui en pleine nuit, visiblement, cela leur importe moins que la préparation de la prochaine manifestation pour la cause palestinienne, où l’émotion médiatique et la posture morale leur offriront plus de visibilité que la sécurité de leurs propres citoyens.


Le plus affligeant peut-être, c’est cette meute numérique qui pullule sous chaque article : des gens qui n’ont jamais pris un risque, jamais créé quoi que ce soit, jamais porté la moindre responsabilité, mais qui se posent en miliciens de la morale low-cost dès que quelqu’un se fait braquer chez lui.


Ces petits juges du vide intersidéral qui les caractérise ne savent rien, ne comprennent rien, mais s’autorisent tout : la moquerie, la suspicion, l’insinuation — jusqu’à l’ignominie suprême, affirmer que la victime “l’a bien cherché”


La première réaction n’est plus la solidarité, mais une jalousie rance, une médiocrité satisfaite, une haine pavlovienne envers quiconque ose réussir. Une violence sociale de lâches, qui suinte de leurs commentaires.


Il y a même, parmi cette foule braillarde, quelques influenceurs au succès tout au plus relatif, qui se découvrent une vocation de moralisateurs du dimanche. Ces stratèges de la transparence sélective insinuent que se faire braquer serait “le cours normal des choses” lorsque l’on affiche ses possessions ou son domicile — tout en oubliant commodément que leur propre contenu repose exactement sur la même logique.


À ceci près: les voitures, les objets de luxe ou les accessoires clinquants qu’ils exhibent frénétiquement pour donner un peu de relief à leur personnalité transparente ne leur appartiennent même pas. Ils prêchent la vertu en recyclant des apparences, posent en sages alors qu’ils vivent de faux-semblants, et se permettent pourtant de donner des leçons à ceux qu’ils envient en silence.


Et ce qui rend leur sermon encore plus grotesque, c’est qu’ils s’acharnent précisément sur des gens qui, eux, sont propriétaires réels de ce qu’ils montrent. Des gens qui, contrairement à leurs détracteurs au succès tout au plus relatif, ont travaillé, investi, pris des risques, et qui, de ce fait, constituent des maillons fiscaux essentiels — ceux qui alimentent concrètement les finances du canton, ceux qui portent sur leurs épaules le modèle social dont tout le monde se réclame.


On pourrait s’attendre à ce que ces contributeurs majeurs soient respectés, ou au minimum soutenus, à la fois par la population qui bénéficie directement de ce qu’ils financent, et par les représentants politiques dont les salaires, les charges et les avantages sont littéralement payés par l’impôt qu’ils génèrent.


A Piogre, l’absurdité atteint un sommet: ce sont ceux qui financent massivement le système qui se retrouvent ciblés, jalousés, sermonnés, pendant que la majorité — celle qui ne contribue qu’à la marge, ou parfois pas du tout — se permet de leur expliquer comment ils doivent vivre, se comporter, et même comment ils devraient accepter de se faire braquer.


L’une des abjections les plus révélatrices de notre époque est cette idée perverse très répandue dans les milieux de gauche et du centre selon laquelle, lorsqu’on est riche, on devrait “se protéger soi-même”. Comme si la réussite annulait le droit le plus élémentaire : celui d’être protégé par l’État que l’on finance. Cette logique renverse tout : l’impôt ne serait plus la contrepartie d’un service public, mais une punition pour avoir trop travaillé, trop investi, trop réussi.


Accepter cela, c’est acter qu’il existe des citoyens que l’on peut laisser se faire braquer sans sourciller, sous prétexte qu’ils ont bâti plus que d’autres. C’est transformer la jalousie en vertu, la médiocrité en morale, et le renoncement en doctrine. Une société qui commence à trouver normal que certains “paient” leur réussite par la violence est une société qui a déjà renoncé à la justice, à la solidarité — et peut-être même à sa propre décence.


Qu’ils cessent enfin de se bercer d’illusions, tous ces gardiens de la pensée unique qui confondent idéologie et clairvoyance : on ne négocie pas avec la réalité, on la subit. Un canton qui refuse obstinément de regarder la violence en face prépare lui-même sa propre décomposition.


À force de prédications vides, d’indignation sélective et de confort moral, ils croient faire preuve d’humanisme — mais ce qu’ils fabriquent, c’est un terrain parfait pour que l’insécurité devienne un mode de vie.Les criminels avancent, les responsables temporisent, les naïfs applaudissent : voilà la mécanique du déclin.


Quand ceux qui financent le système n’y croient plus, ils se retirent. Quand les citoyens perdent confiance, ils se replient.Et quand l’État ne protège plus, d’autres forces — moins scrupuleuses, plus brutales — prennent la place, et elles n’auront aucune patience pour les donneurs de leçons.


Conclusion


Qu’ils le sachent : un canton qui méprise sa sécurité finira, tôt ou tard, gouverné par ceux qui ne demanderont plus jamais leur avis à ceux qui ont laissé faire.

 
 
 

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