Un petit pays peut devenir grand
- Pati Bühler
- 26 août
- 4 min de lecture

Pas par la force, mais par la clarté de sa vision, l’intelligence de ses choix et la solidité de ses instruments.
👉 Il est grand temps que la Suisse se dote d’un véritable outil de souveraineté économique.
Alors que les États-Unis imposent une taxe de 39 % sur certains produits suisses, notre ministre de l’Économie, Guy Parmelin, choisit de commenter la situation avec une expression tout droit sortie d’un bistrot :
👉 « Où est-ce que la chatte a eu mal au pied ? »
Ce n’est pas seulement une formule malheureuse. C’est révélateur d’un manque de gravité, d’une absence totale de vision stratégique dans un moment qui demande pourtant clarté et leadership.
Et dans ce vide, que propose-t-on ? Le sempiternel recours au chômage partiel, brandi comme unique réponse possible à chaque crise.
Je suis outré d’entendre certaines voix, jusque dans les cercles de décision, ne jurer que par le chômage partiel. Comme si notre avenir économique pouvait se résumer à gérer l’urgence par la perfusion, encore et encore. C’est non seulement pauvre politiquement, mais c’est surtout honteux pour un pays comme la Suisse, doté de moyens, de stabilité et de marge de manœuvre.
👉 Il est temps de penser long terme. Il est temps de créer un fonds souverain suisse, pour investir, innover, amortir les chocs, et bâtir une véritable résilience nationale.
Assez de réflexes défensifs. Il est temps de jouer offensif.
🇨🇭 Un pays prospère… mais stratégiquement désarmé
La Suisse est souvent perçue comme un petit pays alpin, neutre, isolé, sans ressources naturelles, mais doté d’une richesse considérable qui suscite beaucoup de convoitises.
Pourtant, notre vision de nous-mêmes reste parfois naïve, voire déconnectée du monde réel. Nous aimons croire qu’il suffit d’être excellents, de produire de la qualité, d’agir avec rigueur et consensus pour être traités d’égal à égal avec les puissances mondiales.
Cette idée selon laquelle notre vertu suffit à garantir notre place sur la scène internationale est une belle fable… mais une fable tout de même.
💼 Le respect ne se décrète pas, il s’impose
La réalité du monde est brutale : le respect s’impose par la puissance — économique, stratégique, politique. Pour être pris au sérieux, il ne suffit pas d’être respectable. Il faut aussi être redoutable : capable de défendre ses intérêts, d’agir, d’influencer. Et lorsque nous ne pouvons pas rivaliser par la force, les ressources naturelles ou la taille, il nous revient d’agir avec intelligence, de définir une stratégie claire et de construire nos propres instruments de puissance à long terme.
🏦 Le fonds souverain : un levier stratégique pour la Suisse
C’est dans cette logique que s’inscrit la question d’un fonds souverain suisse.
Nous avons les moyens. Avec plus de 720 milliards de francs de réserves de change à la BNS, des excédents budgétaires réguliers et les recettes nouvelles de la réforme OCDE sur l’imposition des multinationales, la Suisse pourrait — sans dette ni hausse d’impôts — constituer un fonds souverain de 110 à 210 milliards de francs sur vingt ans.
Et pourtant, nous n’en avons toujours pas. Dans un contexte international où les États renforcent leur résilience à travers des instruments d’investissement publics, la Suisse reste en retrait. Pas par manque de capacité financière, mais par absence de vision stratégique.
🌍 Et si ce fonds allait bien plus loin que la simple prudence budgétaire ?
Un fonds souverain suisse ne serait pas un coffre-fort passif. Ce pourrait être un acteur international, une source d’influence, un levier diplomatique.
Voici comment :
1. Pouvoir économique indirect
En investissant dans des entreprises ou infrastructures clés à l’étranger, la Suisse pourrait :
Peser sur des décisions industrielles
Accéder à des données et réseaux stratégiques
Se positionner dans des secteurs de croissance
2. Influence normative
Un fonds souverain peut fixer des standards exigeants (comme le fait la Norvège) :
Environnement : investissements compatibles avec les objectifs climatiques
Droits humains : exclusion d’acteurs douteux
Gouvernance : promotion de la transparence et de la responsabilité
Cela donne une voix — même silencieuse — sur les marchés.
3. Outil de politique étrangère
Le fonds pourrait intervenir en soutien d’économies partenaires, financer des projets d’intérêt commun ou stabiliser des zones critiques, renforçant ainsi la place de la Suisse dans le jeu international.
🎯 Domaines d’influence potentiels
Technologies stratégiques (IA, cybersécurité, biotech)
Transition énergétique et climat
Santé et pharma
Infrastructures critiques (transport, numérique)
Finance verte et innovation durable
❗La vraie question n’est plus « Peut-on se le permettre ? »
Mais bien : « Peut-on encore se permettre de ne rien faire ? »
La Suisse a les moyens. Ce qui manque, c’est une vision à long terme et une volonté stratégique claire. Un fonds souverain ne nous rendrait pas dominants. Mais il ferait de la Suisse un petit pays redoutablement influent — avec un rôle actif dans le monde que nous contribuons à financer.
🇨🇭 Il est temps de passer d’une posture de prudence… à une posture de puissance.
💬 Et vous, pensez-vous que la Suisse doit se doter d’un fonds souverain ?
Vos idées, critiques et perspectives sont bienvenues.
.png)



Commentaires